Souvent méconnue du grand public, la martre des pins (Martes martes) est pourtant une habitante fascinante et discrète de nos forêts européennes. Appartenant à la famille des mustélidés, au même titre que la fouine ou le blaireau, cet animal agile et opportuniste joue un rôle important dans l’équilibre de nos écosystèmes, nous retrouvons Etienne Clément, président de la la Ligue pour la Protection des Oiseaux de Champagne Ardenne pour la présentation de cette espèce
Portrait d’une prédatrice agile
La martre des pins se distingue par son allure élégante et sa fourrure brun foncé, souvent plus claire sur le ventre. Sa tache jaune-orangée, bien visible sur sa gorge et qui s’étend sur le haut de ses pattes avant, est un critère distinctif par rapport à la fouine, dont la bavette est généralement blanche et s’arrête plus nettement. Avec un corps svelte et une queue touffue, elle est parfaitement adaptée à la vie arboricole. Pesant généralement entre 1 et 2 kg pour une longueur d’environ 40 à 50 cm (sans la queue), c’est un animal relativement petit mais doté d’une force et d’une agilité remarquables.
Ses sens sont particulièrement développés : son ouïe fine et son odorat très développé lui permettent de détecter ses proies même dans l’obscurité. Excellente grimpeuse, elle se déplace avec une aisance déconcertante d’arbre en arbre, capable de faire des bonds impressionnants pour capturer ses proies ou échapper à un danger.
Un régime alimentaire varié
La martre des pins est un animal omnivore avec une nette préférence pour la chasse. Son régime alimentaire est très diversifié et varie en fonction des saisons et des ressources disponibles. Elle se nourrit principalement de petits mammifères (campagnols, mulots, écureuils, lapins,…), d’oiseaux et de leurs œufs, mais aussi d’insectes, d’escargots et de baies, notamment en automne. Elle ne dédaigne pas non plus les charognes. Cette adaptabilité alimentaire lui permet de survivre dans des environnements variés.
Un mode de vie solitaire et territorial
La martre des pins est un animal solitaire et principalement nocturne. Elle passe la majeure partie de la journée à dormir dans un ancien nid d’écureuil ou d’oiseau, une cavité d’arbre, un creux de rocher ou même un terrier abandonné. Elle marque son territoire par des sécrétions glandulaires et des excréments, avertissant ainsi les autres martres de sa présence.
La période de reproduction a lieu en été (de juin à août), mais la gestation est caractérisée par une implantation différée de l’embryon, ce qui signifie que le développement ne commence réellement qu’à la fin de l’hiver. Les jeunes, généralement au nombre de 2 à 7, naissent au printemps, aveugles et sans défense. Ils restent avec leur mère pendant environ 3 mois, avant de devenir indépendants et auront leur maturité sexuelle au bout de 2 ans pour le mâle et 3 pour la femelle.
Voix
Plutôt silencieuse, la Martre peut toutefois émettre des cris stridents et des grognements durant la période de reproduction.
Menaces et conservation
Autrefois chassée pour sa fourrure, la martre des pins jusqu’à une décision du Conseil d’Etat en mai 2025, ce mammifère sauvage était également classé ESOD (Espèce susceptible d’occasionner des dégâts) dans 26 départements. Cela signifie qu’il pouvait faire l’objet d’actes de destruction illimités toute l’année par les particuliers ou à la demande du maire ou du préfet par battues administratives. Cependant, elle est toujours confrontée à diverses menaces. La destruction et la fragmentation de son habitat forestier dues à l’urbanisation, à l’agriculture intensive et à l’exploitation forestière non durable sont les principales préoccupations. Les collisions routières représentent également une cause significative de mortalité.

Crédit photo @AntoineDusart
Malgré ces défis, la martre des pins est une espèce résiliente qui parvient à s’adapter à certains changements environnementaux. La mise en place de corridors écologiques, la gestion forestière durable et la sensibilisation du public sont essentielles pour assurer la pérennité de cette charmante habitante de nos bois. Sa présence dans une forêt est souvent un bon indicateur de la santé et de la biodiversité de cet écosystème, de par son alimentation, elle régule les populations de rongeurs potentiellement nuisibles pour l’agriculture.