Bienvenue dans notre rendez-vous mensuel dédié à la découverte de la richesse de notre avifaune, en partenariat avec la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) de Champagne-Ardenne. Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’accueillir le président de la LPO Champagne-Ardenne, Etienne Clément, qui va nous initier aux secrets d’un oiseau pour le moins original : le Torcol fourmilier (Jynx torquilla).
Souvent entendu avant d’être aperçu, le Torcol fourmilier est un hôte discret de nos campagnes. Son nom vernaculaire évoque à la fois son régime alimentaire principal et une particularité comportementale étonnante. “Le Torcol fourmilier est un membre de la famille des pics, bien qu’il en diffère considérablement par son allure et son mode de vie”, explique le président de la LPO. “Plus petit et plus svelte que ses cousins, il ne tambourine pas le bois pour se nourrir. Son menu de prédilection est constitué de fourmis et de leurs larves, qu’il capture grâce à sa longue langue gluante.”
L’originalité de cet oiseau ne s’arrête pas là. Son nom de genre, Jynx, fait référence à un comportement défensif surprenant. Lorsqu’il se sent menacé au nid, le Torcol fourmilier peut tordre son cou de manière spectaculaire, dressant ses plumes et sifflant, imitant ainsi un serpent. Cette parade, bien qu’impressionnante, est un signe de vulnérabilité et souligne l’importance de préserver ses habitats.
Chant du Torcol Fourmilier :
“Son chant est également caractéristique”, C’est une série de notes flûtées et répétitives, un peu mélancoliques, que l’on peut entendre surtout au printemps, pendant la période de reproduction.
Le Torcol fourmilier affectionne les milieux ouverts avec des arbres isolés ou des lisières de forêts claires, où il peut trouver ses précieuses fourmilières. Les vergers, les bocages et les prairies parsemées d’arbres morts lui offrent également des cavités pour nicher, car contrairement aux autres pics, il ne creuse pas son nid. Il utilise des cavités naturelles ou d’anciens nids de pics.
Malheureusement, comme de nombreuses espèces liées aux milieux ruraux, le Torcol fourmilier est en régression. La simplification des paysages agricoles, la disparition des haies et des vieux arbres, ainsi que l’utilisation de pesticides qui réduisent les populations de fourmis, sont autant de menaces qui pèsent sur cet oiseau fascinant.
La LPO Champagne-Ardenne s’engage activement dans la conservation du Torcol fourmilier à travers des actions de sensibilisation.”Il est essentiel de maintenir une diversité des paysages et de favoriser la présence de vieux arbres et de zones herbeuses pour assurer l’avenir de cette espèce emblématique.”
Alors, la prochaine fois que vous vous promènerez dans la campagne, tendez l’oreille. Peut-être aurez-vous la chance d’entendre le chant mélancolique du Torcol fourmilier, un rappel discret mais précieux de la biodiversité qui nous entoure et qu’il est de notre devoir de protéger.

On profite de cet échange pour une piqûre de rappel ! En cette période printanière et estivale, de nombreux oiseaux, dont le discret Torcol fourmilier, sont en pleine période de nidification. Les haies constituent des refuges essentiels pour la construction de leurs nids, l’incubation de leurs œufs et l’élevage de leurs jeunes. Tailler les haies à cette saison peut avoir des conséquences désastreuses, allant de la destruction pure et simple des nids à la mise en danger des oisillons. Même si la législation française n’interdit pas systématiquement la taille des haies à cette période pour les particuliers, il est primordial d’être sensible à cet enjeu de biodiversité et de s’abstenir de telles pratiques durant le printemps et l’été. Laisser nos haies intactes durant ces mois cruciaux est un geste simple mais fondamental pour préserver la biodiversité et offrir un havre de paix à nos amis ailés.
Restez connectés pour notre prochaine chronique “Un mois, une espèce avec la LPO”, où nous découvrirons un autre trésor de notre faune locale.