Le saviez-vous ? version patrimoine chaumontais, Episode 1. Ils font partie des grandes figures de l’histoire de la Champagne… et pourraient bien reposer sous les pas des collégiens chaumontais. Les gisants d’Antoinette de Bourbon et de Claude de Lorraine, premier duc de Guise, seraient enfouis sous l’une des cours du collège Camille-Saint-Saëns, en plein centre-ville de Chaumont. Une hypothèse solidement étayée par plusieurs sources d’archives, mais jamais confirmée à ce jour.
Anecdote de Julien Marasi, chargé du patrimoine bâti à la Ville de Chaumont :
Claude de Lorraine meurt en 1550 au château de Joinville. Sa veuve, Antoinette de Bourbon, fait alors ériger un imposant monument funéraire dans la collégiale Saint-Laurent, à l’intérieur de l’enceinte du château. Le tombeau, richement sculpté, présente les époux sous deux formes : agenouillés et richement vêtus sur l’entablement, puis couchés sur un cénotaphe, dans une représentation plus dépouillée. Un ensemble spectaculaire, décrit avec précision à la fin du XIXe siècle par l’historien Gabriel de Pimodan.
La Révolution française marque un tournant. À la fin du XVIIIe siècle, la collégiale est détruite, tout comme la majorité des tombeaux qu’elle abritait. Certains éléments sont néanmoins sauvés et dispersés. Aujourd’hui, des fragments du mausolée sont conservés au musée du Louvre, au musée d’Art et d’Histoire de Chaumont ou encore au château du Grand Jardin à Joinville : cariatides, bas-reliefs en albâtre, figures allégoriques, ainsi que la tête et les mains du priant d’Antoinette de Bourbon.
Reste une énigme majeure : celle des gisants eux-mêmes. Plusieurs documents conservés aux Archives départementales de la Haute-Marne indiquent que les statues couchées de Claude de Lorraine et de son épouse auraient été transférées, après la Révolution, au musée de l’École centrale de Chaumont, installé dans les bâtiments de l’actuel collège Camille-Saint-Saëns. Un premier inventaire en atteste, mais dès 1814, un nouveau rapport signale leur disparition.
Selon les témoignages de l’époque, les gisants auraient été jetés dans une fosse creusée dans le jardin de l’établissement, alors utilisé comme hôpital militaire, possiblement par des soldats russes. Une fosse qui n’aurait jamais été rouverte en raison de son usage sanitaire. À la fin du XIXe siècle, l’idée de retrouver ces sculptures refait surface. Des fouilles sont menées en 1899, puis à nouveau au début du XXe siècle, sans résultat. Depuis, les gisants n’ont jamais été localisés avec certitude.
Aujourd’hui encore, les archives laissent planer le doute. Une prospection par radar du sol, couvrant les différentes cours du collège et l’emprise de l’ancien jardin, pourrait un jour révéler des anomalies et relancer les recherches. En attendant, le mystère demeure : sous le bitume et les pavés du collège Camille-Saint-Saëns reposent peut-être toujours les sculptures funéraires de l’un des couples les plus emblématiques de l’histoire de la région.
Emission proposée en partenariat avec la Ville de Chaumont.
