L’oie cendrée est une espèce fascinante, à la fois ancêtre de nos oies de basse-cour et grande voyageuse des cieux européens. Voici un tour d’horizon sur son histoire, sa découverte scientifique et sa présence remarquée au Lac du Der.
Nous avons le plaisir d’échanger avec Étienne Clément, Président de la LPO Champagne-Ardenne, pour en apprendre davantage sur cet espèce.
L’Oie Cendrée : De la Préhistoire à la Science
Une découverte ancrée dans le temps
Si l’oie cendrée est aujourd’hui bien connue, sa “découverte” par l’homme remonte à la nuit des temps. C’est l’une des premières espèces d’oiseaux à avoir été domestiquées, il y a plus de 3 000 ans (notamment en Égypte ancienne).
Sur le plan scientifique, c’est le naturaliste suédois Carl von Linné qui l’a officiellement décrite en 1758 dans la 10ème édition de son ouvrage majeur, Systema Naturae. Il lui donna d’abord le nom de Anas anser (la classant avec les canards), avant qu’elle ne rejoigne le genre Anser.
L’oiseau qui a fait naître l’éthologie
L’oie cendrée occupe une place unique dans l’histoire des sciences grâce à Konrad Lorenz. Le célèbre biologiste autrichien a étudié cet oiseau pour démontrer le phénomène de l’empreinte (le fait qu’un oisillon s’attache au premier être vivant qu’il voit à la naissance). Ses travaux avec ses “oies cendrées” lui ont valu le prix Nobel de médecine en 1973.
Sa présence au Lac du Der : Une halte de choix
Le Lac du Der-Chantecoq, situé en Champagne, est l’un des plus grands lacs artificiels d’Europe. S’il est mondialement célèbre pour la Grue cendrée, il est aussi un site d’importance majeure pour l’Oie cendrée.
Un site d’hivernage et de halte migratoire
L’oie cendrée utilise le Lac du Der principalement comme zone de repos. Les oiseaux que vous y verrez proviennent généralement d’Europe du Nord et de Scandinavie.
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Période : Les arrivées massives commencent en octobre et se poursuivent jusqu’en février.
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Effectifs : Bien que moins nombreuses que les grues (qui peuvent atteindre 200 000 individus), on compte régulièrement plusieurs milliers d’oies cendrées sur le site durant l’hiver.
Pourquoi choisissent-elles le Der ?
Le lac offre deux éléments cruciaux pour leur survie :
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La sécurité des eaux : Les oies dorment sur le lac, à l’abri des prédateurs terrestres comme le renard.
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Le “gagnage” (nourriture) : En journée, elles s’envolent vers les champs de céréales et les prairies environnantes pour brouter l’herbe et glaner les restes de récoltes (maïs, blé).
Comment les observer au Lac du Der ?
Le meilleur moment pour les voir est le lever ou le coucher du soleil, lorsqu’elles quittent ou rejoignent le lac en formation de “V” très bruyante.
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Lieux conseillés : La digue de Giffaumont ou le site de Chantecoq sont d’excellents postes d’observation.
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À ne pas confondre : Attention à ne pas les confondre avec les Grues cendrées ! L’oie a un vol plus “lourd”, un cou plus court et un cri rappelant celui de l’oie domestique (honck-honck), tandis que la grue a un cri de trompette très distinctif.

Le saviez-vous ? Contrairement à beaucoup d’autres oiseaux, les couples d’oies cendrées sont souvent fidèles pour la vie. Si vous en voyez deux voler très près l’une de l’autre au sein d’un grand groupe, il s’agit probablement d’un couple !