Dans le cadre de notre rendez-vous mensuel “Un Mois, Une Espèce” avec la LPO Champagne-Ardenne, nous mettons à l’honneur un rapace diurne fascinant et bien présent dans notre région : le Faucon crécerelle (Falco tinnunculus). Observateur discret mais remarquable, cet oiseau est un allié précieux pour l’environnement, notamment pour les agriculteurs, nous retrouvons Etienne Clément, président de la la Ligue pour la Protection des Oiseaux de Champagne Ardenne pour la présentation de cette espèce.
Le « Vol en Saint-Esprit », sa signature aérienne
Ce qui rend le Crécerelle si facile à identifier, c’est son style de chasse unique. Vous l’avez sans doute déjà vu : il s’immobilise dans les airs, comme suspendu par un fil invisible, battant rapidement des ailes tout en gardant sa tête fixe. C’est le fameux “vol en Saint-Esprit” (ou vol stationnaire).
Cette technique extraordinaire lui permet de repérer ses proies avec une précision millimétrée, même à plus de 300 mètres de distance. Une fois la cible localisée, il plonge en piqué pour la capturer.
Un chasseur essentiel à l’équilibre de la nature
Le Crécerelle est un prédateur redoutable, principalement spécialisé dans la chasse aux micromammifères, dont le Campagnol des champs est sa proie favorite. Un seul individu peut capturer en moyenne trois rongeurs par jour, un nombre qui augmente considérablement pendant la période où il nourrit ses jeunes.
C’est pourquoi il est considéré comme un excellent auxiliaire naturel des cultures dans les plaines agricoles de Champagne-Ardenne. Son régime alimentaire est également complété par de gros insectes (sauterelles), des lézards et, occasionnellement, de petits oiseaux, surtout en milieu urbain.
De la ville à la campagne : un faucon polyvalent
Le Faucon crécerelle s’adapte à une grande variété d’habitats, ce qui contribue à sa large répartition en France :
- À la campagne, il fréquente les milieux ouverts et semi-ouverts, les lisières de forêt et les bocages. Il chasse souvent depuis un poste d’affût, comme un piquet de clôture, un poteau ou même un pylône électrique.
- En ville, il ne craint pas la présence humaine et choisit de nicher sur les grands édifices. En Champagne-Ardenne, il est connu pour occuper des cavités sur des bâtiments historiques ou même des nids abandonnés de Corbeille noire ou de Pie bavarde.
Pour preuve de son adaptabilité, la LPO Champagne-Ardenne a récemment mené des opérations pour secourir de jeunes Crécerelles dans la cathédrale de Châlons-en-Champagne, un exemple des efforts de conservation déployés dans notre région.
Le chant du Faucon Crécerelle
Quelques clés pour l’identifier
Plus petit que la Buse variable, le Crécerelle est de la taille d’un pigeon. Le dimorphisme sexuel (différences entre mâle et femelle) est notable :
- Le mâle adulte arbore une tête et une queue gris-bleu, cette dernière étant terminée par une large bande noire. Son dos est roux tacheté de noir.
- La femelle est uniformément rousse sur la tête, le dos et la queue, avec des barres sombres sur cette dernière. Elle est également légèrement plus grande que le mâle (c’est pourquoi on appelle le mâle le “tiercelet”).
Statut de Protection et Actions de la LPO
Comme tous les rapaces diurnes en France, le Faucon crécerelle est une espèce protégée en vertu de la législation. Bien qu’il soit encore l’un des rapaces les plus communs du pays, il connaît néanmoins un déclin régulier dû notamment à l’intensification agricole (qui réduit ses proies et ses sites de chasse) et aux risques de collision (avec les véhicules, les éoliennes ou les lignes électriques).
La LPO Champagne-Ardenne travaille activement pour sa protection, en suivant les populations, en sensibilisant aux risques (comme lors des interventions sur les pylônes) et en menant des actions d’expertise pour préserver ses zones de nidification.

Observer le Faucon crécerelle, c’est assister à un spectacle aérien fascinant et se souvenir du rôle crucial qu’il joue dans la richesse de notre biodiversité régionale. Ouvrez l’œil la prochaine fois que vous croiserez l’acrobate du ciel !